J’entends souvent des femmes qui se sentent mal, qui pensent qu’elles n’ont “pas accouché”, parce que leur bébé est né par césarienne.
Laisse-moi te dire que tu as accouché.
La césarienne est un type d’accouchement, non physiologique et non vaginal, mais tu as accouché.
Pour certaines femmes, cette opération n’entraîne aucun traumatisme apparent et est même décrite comme merveilleuse. Cependant, d’autres mères se sentent tristes dès qu’on leur annonce qu’elles vont subir une césarienne et se sentent mal pendant des mois, voir des années.
Aucune réaction n’est bonne ou mauvaise, mais les sentiments de vivre l’opération sans inconvénient sont tout aussi valables que ceux qui ne le sont pas. Vous avez peut-être eu une césarienne merveilleuse, mais il est important de donner une voix et un sens à la souffrance des femmes qui ont passé ou passe encore un mauvais moment, car ce sont elles qui ont le plus besoin de soutien.
La césarienne peut être vécue de mille façons !
Avec tristesse, ou avec résignation, avec gratitude ou émotion. Dans tous les cas, l’expérience est un processus évolutif qui varie en fonction du soutien et de l’appui émotionnel que la femme trouve dans son environnement immédiat, et de la santé du bébé.
Pourquoi de nombreuses femmes vivent-elles sa césarienne comme un échec ?
La réponse n’est pas simple et a des implications qui dépassent le cadre purement physique, puisque notre corps est censé “être fait pour cela”, et c’est pourquoi certaines femmes peuvent même avoir l’impression que leur corps leur a fait faux bond.
Les facteurs obstétriques sont importants : Le fait d’attendre d’avoir des contractions améliore la transition, le fait d’avoir pu connaître les détails, choisir les procédures et participer sont des éléments qui peuvent nous aider. En d’autres termes, la qualité des soins reçus.
En revanche, s’il s’agit une induction qui ne fonctionne pas, ou encore plus d’une césarienne d’urgence où l’on passe de la grossesse à la salle de réanimation, avec le ventre recousu, le ventre vide, et séparée du bébé. De nombreuses mères font état de séparations qui durent des heures, voire des jours, alors qu’il n’est presque jamais nécessaire de séparer la mère du bébé immédiatement après la naissance. Des cas ou le risque de syndrome de stress post-traumatique (SSPT) est accru.
L’accouchement imprime forcément sa marque sur notre cerveau
Lors de l’accouchement, la fonction de l’ocytocine n’entraîne pas seulement des contractions de l’utérus et des liens avec le bébé, elle prépare également le cerveau de la mère à la première rencontre. C’est ce qu’on appelle en biologie l’Empreinte. La nature a créé ce phénomène précisément pour s’assurer que vous ferez tout ce qu’il faut pour votre cria avec l’amour, l’une des plus anciennes hormones du genre animal, est déjà destinée à laisser une empreinte sur notre cerveau.
Un joli test consiste à demander à des femmes âgées de raconter leur accouchement et, même si elles perdent la mémoire avec l’âge, elles seront en mesure de le faire en détail.
Que se passe-t-il lorsque l’on n’a pas ou peu le choix de l’accouchement ?
Que se passe-t-il si c’est une induction échoue? Que se passe-t-il si, au moment où le cerveau est prêt à mémoriser les détails de l’enfant, la mère se retrouve au bloc opératoire, effrayée, réveillée ou seule ?
Le sentiment le plus courant est la perte, le deuil de ne pas avoir eu la naissance dont elles rêvaient. Il peut s’exprimer par de la tristesse, de la dépression, des doutes récurrents sur l’enfant, d’autres disent ouvertement “j’ai l’impression de ne pas l’avoir mis au monde”. Il peut y avoir des relations difficiles avec le bébé, surtout dans les premiers jours, des problèmes d’identité “quel genre de mère je suis”, il est courant de penser que l’on a déçu son partenaire. Certaines femmes disent s’être senties violées ou mutilées, d’autres s’auto coupabilisent de manière obsessionnelle… La coupabilité, ce sentiment qui nous hante si souvent au mères !
Si certaines des femmes les plus célèbres au monde planifient leur césarienne et déclarent que “tout a été parfait, je me suis très bien remise”, comment de nombreuses mères peuvent-elles se permettre de dire que cela a été difficile ou douloureux pour elles ? Comment peuvent-elles exprimer leur déception ?

Cet article fait partie d’une série consacrée à la visibilité de la césarienne, dans le but de rendre visible et de donner la parole aux mères qui en font l’expérience directe. Mois d’avril : Mois mondiale de la visibilité de la Césarienne.
Je te lis, je t’entends tout l’anné, tu n’es pas seule !
Autres endroits où tu peut trouver de l’information et beaucoup plus : http://www.cesarine.org